Le quotient intellectuel a toujours fait l’objet d’une sorte de fascination dans l’imaginaire collectif. Pourtant, un nouveau concept a émergé à la fin du XXe siècle, venant défier le caractère exhaustif du QI. Est-ce qu’un QI élevé fera de vous une personne intelligente ? Pour certains scientifiques, la réponse n’est pas si évidente, et c’est là qu’intervient l’intelligence émotionnelle.
Le concept d’intelligence émotionnelle apparaît pour la première fois en 1964 dans la littérature, et il gagne en popularité à partir de 1995. Également appelée quotient émotionnel (QE) ou encore quotient intellectuel émotionnel, l’intelligence émotionnelle est définie comme la capacité à reconnaître et maîtriser ses émotions personnelles ainsi qu’à comprendre et distinguer celles d’autrui. Cette forme d’intelligence implique de savoir utiliser l’information émotionnelle pour guider ses pensées et comportements, et d’adapter ses émotions à son environnement.
Dans son best-seller L’intelligence émotionnelle, le psychologue Daniel Goleman structure l’intelligence émotionnelle autour de 5 composantes : la conscience de soi, l’auto-régulation, la motivation interne, l’empathie, et l’aptitude sociale.
Ces composantes confèrent des aptitudes corrélées aux individus, et des caractéristiques en découlent.
La conscience de soi

Il s’agit de la capacité à reconnaître et comprendre ses propres humeurs, émotions et motivations personnelles, ainsi que leurs effets sur les autres.
La conscience de soi va alors impliquer les éléments suivants :
– La confiance en soi,
– L’auto-évaluation réaliste,
– L’autodérision.
En bref, notez qu’elle dépend de la capacité à être à l’écoute de ses états émotionnels, et à savoir les identifier et les nommer correctement.
L’auto-régulation

Cette composante implique la capacité de contrôler ou rediriger ses pulsions et humeurs perturbatrices. Elle inclut une propension à suspendre son jugement et à réfléchir avant d’agir.
L’auto-régulation va potentiellement engendrer les éléments suivants :
– La fiabilité et l’intégrité,
– Une assurance même en situation d’ambiguïté,
– Une ouverture au changement.
La motivation interne

La motivation interne implique la ferveur à s’investir dans un projet (travail, tâche, etc.) pour des raisons qui dépassent l’argent et les reconnaissances et récompenses sociales. Elle comprend une conception différente de la norme de ce qui est estimé comme fondamentalement important dans la vie. On note comme exemples le fait de prendre du plaisir dans une activité donnée, d’avoir une curiosité intellectuelle, ou même d’être stimulé par l’implication dans une activité.
Elle est alors liée aux éléments suivants :
– Une forte volonté d’accomplissement,
– Un optimisme résistant même aux situations les plus complexes,
– Un investissement dans des causes militantes.
L’empathie

Plus connue que ses consœurs, l’empathie peut être définie comme la capacité de comprendre les émotions des autres. Elle va permettre d’aborder son prochain en fonction de ses réactions émotionnelles.
Notez cependant que l’empathie n’implique pas nécessairement la compassion. Elle peut en effet être utilisée pour compassionner, puisque la compassion implique un partage des souffrances de son prochain, mais elle pourrait aussi servir des intentions cruelles.
L’aptitude sociale

Enfin, l’aptitude sociale est la capacité à gérer des relations ainsi qu’à se créer un réseau. Elle va alors permettre de trouver des points communs et de construire du lien avec autrui.
Elle implique ainsi les éléments suivants :
– Une efficacité à mener le changement,
– La capacité de persuasion,
– Une aptitude au management d’équipes.
QI vs QE
Des études scientifiques ont démontré que les individus avec une intelligence émotionnelle plus développée font preuve de meilleures performances professionnelles, de compétences de leadership et d’une meilleure santé mentale. Cependant, les travaux étant encore relativement récents, aucun rapport de causalité n’a jusqu’alors été démontré.
En effet, la manifestation de cette forme d’intelligence s’opérant durant les interactions sociales complexifie son examen. On peut néanmoins considérer que, dans une société basée sur l’interdépendance comme la nôtre, l’intelligence émotionnelle n’a jamais été aussi pertinente.
Pour rappel, le quotient intellectuel est défini comme la capacité d’apprendre, de comprendre, et d’appliquer des informations aux compétences et raisonnements logiques.
Si alors le QI a toujours eu valeur de référence pour évaluer l’intelligence des individus, la complémentarité du QE est aujourd’hui perçue comme nécessité. Certains scientifiques, au vu de notre contexte socio-historique, estiment même que l’intelligence émotionnelle est plus significative que le quotient intellectuel.

Pour aller plus loin :
- Goleman, Daniel. L’intelligence émotionnelle. 1-2 1-2, Paris, J’ai lu, 2014,
- Rivers, Susan & Brackett, Marc & Reyes, Chin & Mayer, John & Caruso, David & Salovey, Peter. (2012). Measuring Emotional Intelligence in Early Adolescence With the MSCEIT-YV: Psychometric Properties and Relationship With Academic Performance and Psychosocial Functioning. Journal of Psychoeducational Assessment. 30. 344-366. 10.1177/0734282912449443,
- Resing, Wilma. (2007). Resing, W. C. M., & Drenth, P. J. D. (2007). Intelligentie: weten en meten: 2e, herziene druk (pp. 1- 189). Amsterdam: Uitgeverij Nieuwezijds.